Un matin de 1899, dans une petite ville côtière d'Afrique de l'Est, Hassanali se met en chemin pour la mosquée dont il est le muezzin. Sa marche est interrompue et son destin vacille lorsqu'il croise la route d'un Anglais épuisé qui s'effondre à ses pieds. Cet homme écrivain, voyageur et orientaliste, se lie bientôt avec le muezzin et lui raconte son existence chahutée. Rapidement, et malgré tout ce qui les sépare, l'étranger voyageur va tomber fou d'amour pour la soeur d'Hassanali. De cette passion naîtra une fille, puis une petite-fille qui auront aussi à subir les conséquences de cet amour maudit. De l'Afrique coloniale au Londres des sixties, Abdulrazak Gurnah fait entendre la fragile voix des réprouvés.
"Adieu Zanzibar est l'oeuvre d'un grand maître" The Guardian.
Voici un livre de Mémoires qui nous révèle la formation d'un des esprits les plus brillants de l'Afrique noire. Amadou Hampâté Bâ raconte ici sa petite en-fance et son adolescence, à l'époque où, dans le Mali du début du XXe siècle, il s'initiait aux traditions ancestrales, fréquentait l'école française en même temps que la coranique, courait la savane, découvrait le colonialisme et s'apprêtait à devenir l'un des derniers grands dépositaires d'une civilisation orale en pleine mutation.
Roman d'aventures, tableau de moeurs et fresque historique, ce livre restitue dans une langue savoureuse et limpide toutes les richesses, les couleurs et la vie du grand récit oral africain, et donne une belle leçon d'humour, de tolérance et d'humanité.
1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, fille d'un Blanc et d'une Rwandaise, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour «enfants mulâtres».Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, quinquagénaire d'origine sénégalaise, effectue un stage d'art-thérapie dans un Ehpad du Sud-Ouest de la France. Elle y rencontre madame Astrida, une vieille femme métisse atteinte de la maladie d'Alzheimer qui perd l'usage du français et s'exprime dans une langue inconnue.En tentant de reconstituer le puzzle de la vie de cette femme, Ramata va se retrouver confrontée à son propre destin familial et aux difficultés d'être noire aujourd'hui dans l'Hexagone.Histoire d'une réparation symbolique et d'une langue retrouvée, Consolée est un roman poétique, bouleversant, qui met en résonance le passé colonial et la condition des enfants d'immigrés.
Liwa Ekimakingaï a passé son enfance et continue d'habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer l'amour. Un soir de 15 août où l'on fête l'indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l'après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin...
Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ?
En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières - en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d'avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie.
Dans ce grand roman social, politique et visionnaire, la lutte des classes se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d'ailleurs étrangement vivants.
« Masque noir masque rouge, vous masques blanc-et-noir, Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit, Je vous salue dans le silence ! ».
Souvent symboliste, toujours musicale, la poésie de Léopold Sédar Senghor s'inspire des chants incantatoires dont les mots et les rythmes se lient à la pensée et au corps. Dans ce volume, est réunie l'intégralité de son oeuvre : Chants d'ombre, Hosties noires, Éthiopiques, Nocturnes, Lettres d'hivernage, Élégies majeures, Poèmes perdus, ainsi que Dialogue sur la poésie francophone et un ensemble de poèmes divers.
1986, dans une ferme non loin de Pretoria. La famille Swart fait ses adieux à la matriarche, Rachel. Avant de mourir, Rachel a fait une promesse : léguer à Salome, leur domestique noire, la maison dans laquelle elle vit. Cette décision divise le clan et la solennité du deuil ne parvient pas à masquer les dissensions qui se font jour. Les langues se délient, les rancoeurs et les convoitises s'exacerbent au point de faire voler en éclats les liens qui unissent les uns et les autres. Cette promesse doit-elle être tenue et à quel prix??
Le roman suit les Swart sur trois décennies, de 1986 à 2018. Alors que l'Afrique du Sud se transforme profondément, le racisme et la violence s'infiltrent encore partout, jusque dans la vie intime de chacun. À travers le déclin d'une famille protestante, c'est toute l'histoire d'un pays que Damon Galgut dessine en filigrane dans une langue virtuose qui nous fait entendre les voix de chacun de ses personnages.
Ce matin, quand Méréana se réveille, elle sait que la journée qui l'attend ne sera pas comme les autres. Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d'un fleuve africain. Elles viennent d'apprendre que la construction d'un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu'elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher, et que Méréana serait leur porte-parole dans cette négociation.
L'enjeu de ce qui devient rapidement une lutte n'est pas seulement l'argent et sa faculté de transformer les rêves en projets - recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille. Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, les violences sexuelles et domestiques, l'oppression au travail et dans la famille, les "casseuses de cailloux" découvrent la force collective et retrouvent l'espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, c'est sûr, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde.
Par sa description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme, Photo de groupe au bord du fleuve s'inscrit dans la plus belle tradition du roman social et humaniste, l'humour en plus.
Dans un Kinshasa agité, l'ascension du jeune Celio Mathematik, orphelin débrouillard et fana de mathématiques, dans les cercles obscurs du pouvoir. Dans un Kinshasa secoué de remous de toutes sortes, Célio aurait pu traîner sa galère encore longtemps, n'eût été sa rencontre avec le directeur d'un bureau aux activités très confidentielles, attaché à la présidence de la République. La faim tenaille suffisamment les ventres pour que le débat sur bien et mal puisse être sérieusement envisagé. La ville ne fait pas de cadeau, le jeune homme le sait, et il tient là l'occasion de rejoindre le cercle très fermé des sorciers modernes qui manipulent les êtres et la vie quotidienne. Orphelin depuis l'une des guerres qui ravagent le pays, Célio conserve comme une bible un vieux manuel scolaire, retrouvé dans le sac de son père tué au hasard d'une route de fuite. C'est grâce à des théorèmes et à des définitions que Célio Mathématik espère influer sur le destin dont il dit n'être que le jouet. Un moment emporté dans la spirale sympathique de la vie facilitée, Célio Mathématik n'a cependant pas oublié la mort suspecte de Baestro, un vieux copain qui gagnait quelques sous en participant à des manifs arrangées par l'éminence grise du pouvoir, mais qui un jour y a laissé sa vie. Avec humour et gravité, connaissant son monde et pour cause, In Koli Jean Bofane campe d'une plume aussi acerbe qu'exotique ses personnages et dresse des tableaux d'un Congo que le lecteur s'approprie vite parce qu'il sent les rues, palpite au rythme des musiques et des images livrées avec justesse et énormément d'empathie.
Un soir de novembre 1994, Saleh Omar, soixante-cinq ans, débarque à l'aéroport de Londres, un faux passeport en poche au nom de Mahmud. Dans son ancienne vie, sur l'île de Zanzibar, Saleh possédait une boutique, était marié et père de famille. Aujourd'hui, serrant contre lui un petit sac dans lequel se trouve son bien le plus précieux, une boîte en acajou contenant de l'encens, il demande l'asile à un pays qui ne veut pas de lui.Lorsque le fils du vrai Mahmud apprend que Saleh est en Angleterre, le passé ressurgit brusquement. Confrontés aux clichés que plaquent sur eux les Anglais, les deux hommes se racontent leurs véritables histoires, près d'une autre mer.
Kéba-Dabo avait pour tâche, en son ministère, de procéder aux désencombrements humains, soit : éloigner les mendiants de la Ville en ces temps où le tourisme, qui prenait son essor, aurait pu s'en trouver dérangé. Et son chef, Mour-Ndiaye, a encore insisté: cette fois, il n'en veut plus un seul dans les rues; et ainsi fut fait.Mais les mendiants sont humains, et le jour où, écrasés par les humiliations, ils décident de se mettre en grève, de ne plus mendier, c'est toute la vie sociale du pays qui s'en trouve bouleversée. À qui adresser ses prières? À qui faire ces dons qui doivent amener la réussite?Avec humour, avec gravité aussi, Aminata Sow Fall dénonce dans ce roman les travers des puissants et donne un visage aux éternels humbles, du Sénégal ou d'ailleurs.
Helene Cooper a grandi dans le très privilégié milieu des Congos, ces descendants d'esclaves affranchis d'Amérique venus créer le Liberia au XIXe siècle en Afrique. Un mois après le coup d'État du 12 avril 1980, elle fuit aux États-Unis avec sa mère et sa soeur. Ce texte autobiographique fait se superposer l'histoire tragique du Liberia contemporain à une enfance enjouée et insouciante, brusquement interrompue par la guerre civile. Avec un subtil mélange de tendresse et d'honnêteté, elle raconte comment des gens comme elle se sont rendus coupables d'effroyables injustices sans être pour autant monstrueux.
Une fois entamé, impossible de lâcher ce texte aux images, aux couleurs et aux senteurs puissantes qui lève le voile sur le Liberia. Alexandra Schwartzbrod, Libération.
"Je ne pensais qu'à moi-même et puis, à mesure que j'écrivais, je me suis aperçu que je traçais un portrait de ma Haute-Guinée natale." Au-delà du récit autobiographique d'un jeune écrivain de 25 ans, "L'enfant noir" nous restitue, dans toute sa vérité, la vie quotidienne, les traditions et les coutumes de tout un peuple.
Au plus noir de la nuit, la maison devrait être silencieuse. Pourtant, l'oreille collée à la cloison, Magda perçoit des halètements presque inhumains. Elle attend le moment propice. Dans une minute, elle se lèvera et se dirigera vers la chambre de son père, un fusil chargé à la main, bien décidée à changer le cours de son existence...
Au-dessus des chutes Victoria, là où les eaux du fleuve Zambèze sont encore calmes, s'était établie une poignée de colons. Mêlé aux voix de trois familles et quatre générations, un choeur de moustiques, minuscules commères, balaie de son souffle ironique les prétentions humaines de ceux qui ont peuplé ce village et oeuvré à la construction de la Zambie.
Les destins des uns et des autres, un photographe britannique, une jeune femme italienne atteinte d'hirsutisme, une grande joueuse de tennis devenue aveugle, la première astronaute zambienne..., dévoilent plus d'un siècle d'histoire marqué par l'immigration européenne, la colonisation brutale et l'acculturation des peuples autochtones jusqu'à l'arrivée récente de travailleurs indiens et d'investisseurs chinois.
Dans cet hommage aux grands romans classiques et au réalisme magique, Namwali Serpell aborde, avec une infinie subtilité et un brin d'anticipation, les questions du féminisme, du racisme et de l'identité d'une nation et des générations qui l'ont composée.
« Il est arrivé malheur à la mission d'Aké. Le sol s'est érodé, les pelouses se sont dénudées et le mystère a été chassé des hauteurs autrefois si secrètes. À l'époque dont je parle il ne se passait pas de jour où ne s'ouvrît au regard un enclos, une poche de rochers, un bosquet buissonneux, une colonie d'escargots ».
Aké, c'est le petit village de l'ouest du Nigéria où Wole Soyinka, futur dramaturge et Prix Nobel de littérature, a passé ses premières années. Enfant curieux et obstiné, aimant autant les livres que s'attirer des ennuis, l'auteur grandit entre des parents chrétiens et les traditions spirituelles yorouba. Aké, c'est le récit d'une enfance pleine de vie, d'énigmes et de découvertes ; c'est l'histoire d'un passage, vers l'âge et l'univers des adultes, du village innocent à la civilisation urbaine; c'est enfin le regard d'un immense écrivain sur les mystères de l'enfance, empreint des images, des sons et des arômes colorés du monde qui l'a façonné.
Verre Cassé est un client assidu du Crédit a voyagé, un bar congolais des plus crasseux. Un jour, L'Escargot entêté, le patron, lui propose de mettre sur papier les prouesses héroïco-comiques des habitués... Dans un cahier de fortune, sous la plume désabusée de cet ancien instituteur ivrogne, prend vie l'histoire horrifique d'une troupe d'éclopés aux aventures fantastiques.
«Quand le moment du départ arriva, tout parut irréel à Yusuf. Il dit adieu à sa mère sur le seuil de la maison et suivit son père et son oncle jusqu'à la gare. Il portait son petit ballot contenant deux shorts, une chemise, un Coran et un vieux chapelet de grès. Il ne lui vint pas à l'esprit, ne fût-ce qu'un instant, qu'il serait peut-être séparé de ses parents pour longtemps ou même qu'il ne les reverrait jamais. Il n'avait pas pensé à demander quand il reviendrait ni pourquoi tout avait été décidé si soudainement.» Quand ses parents disent à Yusuf, douze ans, qu'il va partir séjourner quelque temps chez son oncle Aziz, il est enchanté. Prendre le train, découvrir une grande ville, quel bonheur pour un petit Africain qui n'a jamais quitté son village. Il ne comprend évidemment pas que son père l'a vendu, vendu pour rembourser une dette trop lourde et qu'Aziz, de toute façon, n'est pas son oncle, simplement un riche marchand qui a besoin d'un esclave de plus chez lui. À la suite de Yusuf, nous allons découvrir l'Afrique de l'Est au début de ce siècle, les immenses étendues désertiques que traversent de lentes caravanes, une nature splendide et hostile à la fois où le poids d'une vie peut être celui de quelques gouttes d'eau...
Les malédictions ont la vie dure. Depuis que Kintu, gouverneur d'une lointaine province du royaume du Buganda, a tué accidentellement son fils adoptif d'une malheureuse gifle, en 1750, un sort est lancé sur tous ses descendants, les vouant à la folie, à la mort violente, au suicide.
Et en effet, trois siècles plus tard, les descendants de Kintu semblent abonnés au tragique : Suubi harcelée par sa soeur jumelle qu'elle n'a jamais connue, Kanani, le « réveillé » évangéliste, fanatique mais lubrique, Isaac Newton, torturé par l'idée d'avoir transmis le sida à sa femme et à son fils. Et enfin, Miisi, le patriarche, l'intellectuel éduqué à l'étranger, harcelé par des visions et des rêves où s'invitent l'enfance, les esprits, l'histoire du clan et de la nation toute entière.
Un par un, ils sont appelés par les anciens du clan, dans une forêt aux confins de l'Ouganda, dans une ultime tentative de conjurer le sort.
Mêlant les époques, les lieux, les ambiances avec une force narrative proprement époustouflante, manoeuvrant avec souplesse et humour dans les méandres de l'histoire, du mythe, des légendes populaires, déployant un incroyable casting de personnages, tous liés par le sang, tous condamnés, Kintu est un premier roman magistral, foisonnant, inattendu ; un répertoire shakespearien des turpitudes humaines tout autant qu'une formidable plongée dans un pays méconnu.
Dans une langue magnifique, sans céder un millimètre aux bons sentiments, Jennifer Nansubuga Makumbi dresse une épopée terriblement contemporaine, aussi puissante, profonde et impitoyable qu'un fleuve. Et fait une entrée fracassante dans la littérature universelle.
André Brink Une saison blanche et sèche Prix Médicis étranger 1980, Une saison blanche et sèche est le quatrième roman d'André Brink. Interdit dès sa publication en Afrique du Sud, il fut traduit dans une dizaine de langues. écrit dans le style somptueux, riche de couleurs et d'images, d'Au plus noir de la nuit, c'est l'oeuvre la plus significative, la plus engagée, la plus achevée, d'un très grand romancier.
Le type même du roman complet, construit, partant d'une intrigue passionnante mais anecdotique, pour aboutir aux problèmes fondamentaux : les libertés individuelles, le droit de disposer de soi, l'incommunicabilité entre les races, entre les classes sociales, l'illusion du combat solitaire. Un grand livre, d'une écriture généreuse et courageuse, qui se lit d'une traite en haletant.
M. C. A., Femme pratique.
«Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie.» Au nord du Cameroun, au sein des riches familles peules et musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. Malheur à celle qui osera contredire la volonté d'Allah ! Entre les murs des concessions, où règnent rivalité polygame et violences conjugales, la société camerounaise condamne ces femmes au silence. Mais c'est aussi là que les destins s'entrelacent. Ramla, arrachée à son premier amour ; Safira, confrontée à l'arrivée d'une deuxième épouse ; Hindou, mariée de force à son cousin : chacune rêve de s'affranchir de sa condition. Jusqu'où iront-elles pour se libérer ?
On prépare sur l'île de Mozambique un festival littéraire, une rencontre avec les poètes et les écrivains africains les plus célèbres, venant des quatre coins du monde, tous attirés par la beauté unique et la magie de l'île. La jeune organisatrice est sur le point d'accoucher.
Soudain, une violente tempête s'abat sur le continent et l'île enveloppée de brouillard est isolée, personne ne peut plus emprunter le pont qui la relie au monde. Au cours de cette semaine étrange vont se produire des événements qui vont remettre en cause les frontières entre la réalité et la fiction, le passé et l'avenir, la vie et la mort. Les écrivains vont être troublés par la rencontre avec ces inconnus que sont les personnages qu'ils ont créés. Ce jeune rebelle de 20 ans si grossier avec les femmes, qui est-il réellement ? L'excentrique diva, dont personne ne comprend le langage, vient-elle de l'imagination de la romancière mûre, désespérée de ne pas pouvoir téléphoner à son mari ? La population de l'île aussi est troublée, mais pour des raisons différentes.
À la fois drôle et profond, un roman sur la confrontation avec la création.
Ce formidable roman qui a marqué son époque - au point que le monde anglophone a fêté en 2008 le cinquantenaire de sa parution - a immédiatement inscrit Chinua Achebe (1930-2013) au rang des écrivains d'Afrique les plus lus et étudiés. Riche et dense, il brasse des thèmes tels que la destruction de la vie tribale à la fin du XIXe siècle à la suite de l'arrivée des Européens, la conversion au christianisme, la vie quotidienne des femmes et des enfants d'un village de forêt...
Une si longue lettre est une oeuvre majeure, pour ce qu'elle dit de la condition des femmes.
Au coeur de ce roman, la lettre que l'une d'elle, ramatoulaye, adresse à sa meilleure amie, pendant la réclusion traditionnelle qui suit son veuvage.
Elle y évoque leurs souvenirs heureux d'étudiantes impatientes de changer le monde, et cet espoir suscité par les indépendances. mais elle rappelle aussi les mariages forcés, l'absence de droits des femmes. et tandis que sa belle-famille vient prestement reprendre les affaires du défunt, ramatoulaye évoque alors avec douleur le jour où son mari prit une seconde épouse, plus jeune, ruinant vingt-cinq années de vie commune et d'amour.
La sénégalaise mariama bâ est la première romancière africaine à décrire avec une telle lumière la place faite aux femmes dans sa société.